Bonjour tout le monde, j’espère que vous allez bien,

Je souhaite vous faire partager cet article sur un sujet qui me semble important afin que votre compréhension soit la plus juste sur le Yoga Traditionnel. Ce thème va vous permettre d’avoir du contenu qui vous aidera dans votre démarche de quête d’un Soi meilleur. Bonne lecture !

Nous sommes toutes et tous d’accord, que depuis ces dernières années, à notre époque moderne, l’activité du Yoga a prit une ambleur phénoménale. Étant très en vogue, on le découvre et le cite sous le prisme « d’institutions sportives à visée commerciale que spirituelle ». De-là, plusieurs styles apparaissent un peu partout dans le monde : Hot Yoga, Power Yoga, voir d’autres qui ne perdurent pas dans le temps : Yoga Beer, Yoga chèvre, Yoga nu (et on se demande bien pourquoi..). J’entends par là, que ces styles bien spécifiques vont répondre à un besoin particulier chez l’individu selon un objectif/but qu’il s’est fixé, mais qui est à l’opposé de l’enseignement du Yoga.

C’est une bonne chose d’être sportif, de faire des activités, de se dépenser car des bienfaits physiques et psychologiques viennent à apparaître. Cependant, nous sommes loin de ce qu’enseigne le Yoga Traditionnel car sans forcément le savoir, nous ne respectons pas ce qu’il est réellement. De cette manière, la perspective du Yoga dérive, elle est mal interprétée et réduite donc ceci par de simples exercices physiques, associés à des exercices respiratoires et de la méditation, dans le but d’atteindre un bien-être physique et mental. Et encore, le mot « méditation » est aujourd’hui interprété par un « moyen » d’aider les personnes dans leur vie de tous les jours : réduction de stress par exemple. Par cette approche, nous nous éloignions de la forme authentique du Yoga classique car celle-ci à une voie spirituelle à part entière.

Alors, vous vous dites, qu’est-ce que réellement le Yoga Traditionnel ? Quel est son but ? À quoi sert-il ? Restez attentifs(ves), c’est maintenant que nous rentrons dans le vif du sujet !

Signification du mot « Yoga » et son but

Pour que ça soit clair dès le début, je vais vous soumettre une définition du mot Yoga afin d’éviter toutes confusions par la suite. Le terme Yoga provient de la racine sanskrit « YUJ » qui signifie unir, relier l’homme au cosmos, unir le souffle, le mental et le corps. C’est l’idée de l’unification du Soi individuel avec le Soi Suprême car le mot Yoga indique l’union ultime et montre par conséquent la finalité du Yoga. C’est une démarche, une façon d’appréhender le monde à travers le corps, une « philosophie à méditation corporelle ». Le Yoga Traditionnel cherche à ce qu’on atteigne la Réalisation de notre vraie nature ayant pour but une paix intérieure, qui n’a pas besoin de quelque chose d’extérieur pour exister, pour améliorer notre existence ou pour réaliser notre potentiel inné. On doit appliquer un grand effort physique et psychique, tout en restant discipliné, si on souhaite apporter une transformation intérieure à tous les niveaux. Cette idée de la véritable compréhension du Yoga est présente dans les Yoga Sutras de Patanjali, car il s’agit d’un recueil fondateur d’un yoga ancien qui rassemble toute la connaissance que nous devons avoir sur le Yoga Traditionnel.

Le Yoga par Patanjali

Focalisons-nous un peu plus sur ce texte et ce que propose l’auteur. Ce traité est composé de 195 sutras et est divisé en 4 chapitres datant du Vème siècle environ. Ce qu’on appelle « sutras », sont des petites phrases courtes, brèves écrites dans la langue sanskrit surtout présente en Inde. L’auteur est Patanjali, nous ne savons pas réellement qui il est et pourquoi il est nommé dans cet ouvrage. À travers ces 4 chapitres et 195 sutras, il décrit le fonctionnement du mental et indique les différentes manières d’appréhender le Yoga et de l’intégrer dans notre propre vie. C’est une philosophie de vie qui nous demande à ce qu’on obtienne une béatitude, mais pour y parvenir, il faut maîtriser notre mental. Pourquoi ? Pour obtenir un esprit calme afin d’observer une paix intérieure durable. C’est la raison pour laquelle Patanjali parle de « Yoga Citta Vrtti Nirodha » pour nous dire que le Yoga est l’arrêt des fluctuations du mental et que pour atteindre cette paix, il faut exercer une concentration qui relit notre mental à notre Soi pour nous amener vers ce chemin. Cela ne veut pas dire que le pratiquant (sadhaka) est privé de son psychisme, mais plutôt qu’il est en état de pleine conscience, avec un mental (citta) transformé qui, grâce à sa nature non perturbée (sattvika) par les modifications/fluctuations (vritti), peut fonctionner de manière à laisser place à notre conscience. Cet état peut être obtenu lorsqu’on a une pratique constante (abhyasa) avec une attitude de non-attachement (vairagya).

Selon l’auteur, le Yoga est comme un chemin de méditation, comprenant 8 étapes, nous amenant vers la Réalisation de Soi. Il s’agit d’un processus de transformation nommé « Raja Yoga » ou « Ashtanga Yoga » (8 membres du Yoga) qui montre des règles à respecter pour atteindre le bonheur ultime. Ces étapes conditionnent le pratiquant à suivre une ligne de conduire morale et d’auto-discipline. Elles aident à nous maintenir en bonne santé et à nous libérer de nos conditionnements et de nous métamorphoser. Les 5 premiers membres sont des états de concentration, préparent la matière (corps et mental) vers un état méditatif et/ou spirituel donc vers les 3 autres membres. On n’est pas obligé de faire ces 8 étapes de manière successives mais elles peuvent se travailler en même temps, progressivement.

1) Yamas

Les Yamas sont des règles de comportements interpersonnelles, à avoir dans notre vie de tous les jours, pour vivre en harmonie avec les autres. Elles contribuent avant tout à écarter les causes de troubles et d’agitations, qui font obstacle au développement spirituel que le sadhaka (le pratiquant) cherche à obtenir.

Patanjali nous dit que ces comportements interpersonnelles découlent de 5 états :
ahimsa = non-violence, à aucun être vivant à tous les niveaux (actions, pensées, paroles)
satya = sincérité, le fait de ne pas mentir et être installé dans un état de vérité absolue
asteya = non vol, c’est l’idée de ne pas s’approprier quelque chose qui n’est pas à nous
brahmacharya = modération, il nous invite à ne pas céder à nos désirs, ni être guidé par nos pulsions ou nos sens
aparigraha = non convoitise, ne pas prendre ce dont on n’a pas besoin, ne pas accumuler sinon la peur et l’attachement vont se développer

2) Niyamas

Les Niyamas sont, quant à eux, des règles d’hygiènes personnelles qui s’appliquent plus spécialement à ceux qui orientent leur vie vers la recherche spirituelle.

Patanjali nous dit aussi que ces règles émanent d’états différents des uns des autres :
saucha = pureté, il est nécessaire d’avoir une bonne hygiène de vie que ce soit en matière d’alimentation, d’environnement, de relation ou au niveau de notre corps
samtosha = contentement, faire en sorte de garder une certaine paix en nous malgré tout ce qui peut nous arriver dans la vie, malgré nos résultats suite à une expérience bonne ou mauvaise
tapas = austérité, régularité dans la pratique car cela demande des efforts et de la sincérité
svadhyaya = étude de soi et/ou des textes, nous devons savoir ce que nous faisons et savoir qui nous sommes
ishvara pranidhana = abandon à une confiance totale envers quelque chose de plus grand que soi

3) Asanas

La pratique posturale est importante dans le Yoga car elle aide à oublier notre corps sans qu’il soit un obstacle dans notre paix intérieure. Elle nous aide à se préparer à la pratique respiratoire et méditative. Pour Patanjali, une posture doit être stable, confortable, et constante, physiquement et psychologiquement, et peut être réalisé dans un but spirituel. Elles sont effectuées sans aucun effort avec une bonne concentration c’est-à-dire sans distractions ni de pensées. Le but n’est pas de forcé, au contraire, pour maintenir une posture confortablement, il faut beaucoup de patience et une force musculaire optimale. Gardez en tête que le mental et le corps doivent tout le temps être liés.

4) Pranayama

Pour la pratique respiratoire, elle doit nous aider à oublier notre mental par la maîtrise du souffle. Lorsque le souffle est suspendu, les pensées le sont également et le mental (citta) se calme. Faites l’expérience de retenir votre souffle pendant un laps de temps, vous allez vous rendre compte que vos pensées s’arrêtent ! C’est la même chose pour nos pensées, nous n’avons pas de façon directe de les stopper. Quand on est en colère, anxieux(se), la respiration augmente contrairement à lorsqu’on est calme où celle-ci baisse. Ces exemples montrent bien que le mental, les émotions et notre respiration sont liés. Finalement, l’idée est d’étendre, d’étirer, contrôler, canaliser notre respiration afin de nous amener à une pause respiratoire par le biais d’une extension de notre énergie vitale. Cette pause peut être faite soit après l’inspiration ou soit après l’expiration. Pour y arriver, on doit simplement entraîner la respiration pour pouvoir arriver à cette pause dans une manière yogique. Ainsi, si nous contrôlons notre énergie vitale, nous pouvons contrôler aussi nos émotions et le Pranayama nous aide à manipuler ce contrôle, mais un entraînement régulier est nécessaire !

5) Pratyahara

Il s’agit de faire un effort conscient, de détacher notre conscience du monde extérieur et des stimulus externes. Plus simplement, de s’intérioriser, de fixer son attention sur ses sensations internes. Ne me dites pas qu’à la moindre odeur extérieur, vos sens ne font pas un 360 ! Cet exemple montre qu’ils sont dirigés vers l’extérieur c’est-à-dire qu’à chaque fois qu’on interfère avec le monde extérieur, notre mental reçoit sans cesse des réactions par le biais de nos sens. Si, on cherche à se détacher de toutes ces fluctuations du mental alors il faut réussir à se détourner des stimulations qui nous entourent en adoptant un état de conscience interne.

6) Dharana

Dharana est le premier membre méditatif, c’est un état de concentration, le premier état de clairvoyance vers un instant de paix intérieure. Il s’agit de l’écoute subtile de la respiration, des sensations, des pensées qui viennent ou non. Par cet état, un point d’ancrage apparaît et permet à la conscience de surmonter et dominer les fluctuations du mental pour nous amener à un état méditatif (dhyana).

7) Dhyana

État modifié, un peu plus évolué dans lequel les pensées passent et viennent mais le mental ne s’attache pas à une pensée en particulier. Là, où le lien entre notre Soi et le monde extérieur est rompu.

8) Samadhi

Pour un sadhaka (un pratiquant), c’est le summum car il connaît une libération totale, sa vraie nature est aboutie. Il est souvent dit que nous faisons plus qu’un avec l’Univers. De ce fait, il retrouve ce lien d’unité avec l’infini et atteint une paix, une tranquillité totale. C’est l’aptitude à devenir qu’un avec l’objet perçu, avec l’état d’unité, d’équanimité, c’est un état de contemplation profonde.

Quand on reçoit une clarté sur le sujet, nous comprenons la vision du Yoga Traditionnel comme il devrait être représenté. Outre le fait qu’il est bon de faire du sport, des activités physiques, ce Yoga ne l’entend pas de cette manière. C’est une philosophie de vie, il est dénué d’esprit, de compétition. Il ne cherche pas à réanimer une performance, ni d’atteindre un modèle de perfection. Mais plutôt, comme un moyen d’atteindre une meilleure version de Soi-même. Patanjali donne tout son sens à notre pratique contemporaine.

Alors, arrêtez de croire que ça n’est pas fait pour vous, chacun est différent, et ce Yoga nous permet de passer outre les idéologies humaines et de s’accepter tels que nous sommes !